samedi 17 décembre 2011

Un petit mot après une animation avec une trentaine d'adultes. Sympa!

Un tout grand merci pour cette soirée.
Enfin quelqu’un qui n’est pas professionnel des tours de magies et de spectacles bien huilés façon Tvcompatible.

Votre contact, votre approche et la simplicité de ce que vous avez présenté faisait que nous nous sommes sentis comme faisant partie de votre jeu.

Jamais nous n’avons eu l’impression d’assister à une animation. 
Nous étions l’animation avec vous comme directeur et meneur de jeu.

Que du bonheur !  Merci beaucoup
Gérald G.

Beyrouth, mercredi 30 novembre 2011.

Bonjour les amis,

Je reviens à l’instant de l’agence MEA à Beyrouth. C’est le directeur de l’agence qui s’est chargé lui-même de me trouver une solution pour mon voyage de retour. 

Merci Seigneur, Il a répondu à nos supplications ! En effet, je pars aujourd’hui, cet après-midi avec un vol MEA pour Paris et ensuite je rentre en Suisse avec Air France. Je serai à Genève à 21h45 ! Et… sans supplément, ni taxe ! J’ai simplement dû réduire mes bagages pour ne pas excéder 23 kg. Je suis prêt à revenir à la maison. Je quitte Wissam, Lucie et Laurine avec un gros pincement au cœur.



Le projet de revenir en novembre est plus clair. J’ai déjà reçu pour 600.00 CHF de promesse pour les Dvd ! C’est génial. Je sens que le Seigneur est en train de préparer quelque chose de spécial pour tous ces enfants.

Beaucoup de des visages, des situations, des bruits, des odeurs, se bousculent dans ma tête. Je prendrai du temps pour vous envoyer une dernière missive en conclusion de ce voyage.
 Merci encore pour votre intérêt pour mon ministère.
 Amitiés pleines de rires, votre clown Auguste !

Liban, Beyrouth, le mardi 29 novembre 2011


Lundi, nous étions au collège Maximos à Mansourié où plus de 240 enfants et leurs enseignants ont participé à mon spectacle. L’école n’étant pas bien fortunée, nous étions dans la cour couverte de l’école. Comme il faisait un peu plus de 20° nous n’avions pas froid. Je peux dire avec Wissam que ce fut le meilleur spectacle que nous avons donné ensemble de toute cette tournée. L’ambiance était… magique. On sentait la présence du Seigneur.

Lorsque tous ces enfants ont crié, pour ne pas dire hurler la parole de Dieu et lorsque nous avons prié ensemble, c’était extraordinaire. Ce matin, nous présentions notre spectacle devant un parterre de 220 enfants. Nous avions bien averti la directrice que les enfants devaient avoir plus de 5 ans, mais la moitié de nos spectateurs avaient entre 2 et 5 ans ! Pas facile pour eux, pas facile pour nous non plus. Mais ça c’est assez bien passé. Comme dit mon beau-fils, c’est l’aventure, c’est le Liban !
Deux personnes m’ont répondu concernant le projet des 2000 Dvd de mon spectacle à offrir aux enfants dans la prochaine tournée en novembre 2012. Je continue de prier pour cette « folie » pour Jésus !
Lundi soir, nous avons appris que la compagnie libanaise Middle East Airlines (MEA) était en grève pour 48 heures avec prolongation possible. Je me suis permis de vous adresser un S.O.S. pour que vous puissiez prier pour moi. À cette heure, nous n’avons toujours pas trouvé de solution. MEA ne peut pas me promettre que je pourrai voler vendredi matin, or il faut que je sois en Suisse vendredi midi, j’ai des engagements importants dès vendredi soir à Lausanne. La compagnie ne veut pas me rembourser mon billet, la grève peut peut-être cesser d’ici vendredi, mais rien n’est sûr ! Alors si je veux rentrer en Suisse avec une autre compagnie, c’est à mes frais et je ne serai ni remboursé par MEA ni pas le Touring club suisse qui ne rembourse que si j’ai une attestation de grève que MEA se refuse de donner !!! Revenir en Suisse à temps, sera à mes frais (500.00 francs suisses ou 420 Euros). Je dois me rendre demain matin au bureau de MEA et trouver une solution avec eux. Le vol pour Genève de demain matin 7h25 a été supprimé, mais peut-être y aura-t-il un vol jeudi matin ?
Nous devions être au Centre de Tahaddi avec Catherine Mourtada demain matin, mais vu les circonstances, nous avons dû annuler notre prestation.

Bon et bien je vois qu’il y en a un qui n’est pas content de ce que nous avons fait dans les écoles auprès de plus de 1600 enfants et une centaine d’enseignants ! Mais le Seigneur tient tout en main, Il a la solution à ce problème et je le loue à l’avance pour sa victoire. Merci de continuer de prier pour nous. Votre clown Auguste au pays des cèdres.

Liban, Beyrouth, le dimanche 27 novembre 2011


Ce week-end était tranquille, j’ai pu me reposer avant d’attaquer cette nouvelle semaine. Samedi après-midi, Catherine Mourtada qui travaille avec Tahaddi auprès des enfants déshérités du Sud de Beyrouth, m’a invité pour animer l’anniversaire de sa fille Nayla. Je me suis retrouvé avec une dizaine d’adolescents. Je ne suis pas venu en Auguste, ce n’est plus de leur âge, mais je leur ai montré quelques tours d’illusion tout en leur expliquant la portée spirituelle cachée derrière le geste. Et puis je leur ai expliqué le secret de l’illusion de quelques tours et nous avons fait un atelier. Je ne m’en suis pas trop mal tiré… Chaque expérience avec un groupe d’âge différent complète ma formation : être souple et savoir s’adapter, n’est pas toujours facile.

Dimanche soir, nous avons été au TOP (Tent of Praise) le lieu que fréquentent Lucie et Wissam depuis bien des années. Lucie y joue du violon pendant la louange. J’aime tellement entendre le son de son instrument surfer sur l’harmonie des autres instruments, mon âme en est touchée et puis… c’est ma fille qui joue ! J’étais venu là en simple participant quand Nouna, la femme du responsable est venue vers moi et m’a dit : « Tu sais que c’est toi qui parle ce soir ! » Non, je n’étais pas au courant, Michel, son mari n’avait pas été clair. Il m’avait simplement demandé quand je rentrais en Suisse mais n’avait pas fini sa phrase et à raccrocher son téléphone. Pendant le moment de louange, je me suis mis à l’écart pour demander au Seigneur ce qu’Il voulait que je transmette. J’ai fait part de ce je vis en ce moment dans ma relation avec Dieu et ma découverte de la prière contemplative. Rester en silence devant Dieu et être là pour Lui sans attente particulière. J’ai bien sûr fait référence à la culture monastique du Moyen-Orient qui a vu le jour dès le deuxième siècle et s’est développé un peu partout. Comme la moitié des participants était catholique, ils ont apprécié que ce soit des moines qui apprennent à des pasteurs comment prier dans le silence. C’était une soirée encourageante pour beaucoup. Bon et bien, je dois rester souple, être prêt à répondre à une demande et rester à l’écoute de ce que Dieu veut…. Mais ce n’est pas facile, moi qui aime bien tout planifier, tout organiser à l’avance. Enfin, le Seigneur sait ce qu’Il fait avec moi.

Demain matin, un autre spectacle m’attend. Je vous en parlerai. Merci pour votre soutien spirituel ! Votre clown Auguste

Liban, Beyrouth, le vendredi 25 novembre 2011


Ce matin, je me suis levé aux aurores, vers 5h00. Je voulais prendre le temps de prier pour être prêt pour cette  journée. Vers 7h30, nous étions dans le théâtre de l’école des Saints Cœurs du Rosaire à Nabaa à Beyrouth.
Nous avons mis en place notre spectacle et les enfants ont commencé à s’installer. À 8h30, 300 élèves et 20 enseignants étaient présents. Wissam, alias Billy Cookie, a commencé le spectacle en arabe avec deux tours de magie et il est revenu plus tard avec un autre tour pour me permettre de souffler un peu. Il est super génial et les enfants l’adorent. J’ai eu quelques difficultés avec mon jeune public. En effet, nous avions limité l’entrée aux enfants de plus de 5 ans, or la moitié de l’auditoire avait entre 3 et 5 ans, mais ils se sont bien amusés et ont entendu le message tout simple de l’Evangile.

Le temps de tout remettre en place et c’était reparti pour le second spectacle à 10h30. J’ai à nouveau eu le même groupe d’âge d’une autre école voisine. Mais ni Auguste, ni Billy Cookie, ne se sont découragés. Après 50 minutes de spectacle, les enfants en demandaient encore.

Nous avions encore une pause et en piste pour le troisième spectacle. J’ai pris le temps de me plonger dans la lecture de l’Evangile, c’est mon fioul à moi ! Je lisais en Luc 10 21-23  Au même moment, Jésus fut transporté de joie par le Saint-Esprit et s’écria : Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces vérités aux sages et aux intelligents, et que tu les as dévoilées à ceux qui sont tout petits. Oui, Père, car dans ta bonté, tu l’as voulu ainsi….  Puis, se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : Heureux ceux qui voient ce que vous voyez !
Heureux êtes-vous Jean-Pierre et Wissam de voir ce que vous allez voir ! Mais de quoi allions-nous être témoins. 313 enfants de 7 à 12 ans et leurs 31 enseignants ont pris place. L’ambiance était extraordinaire. Vous auriez dû être là pour entendre la parole de Dieu proclamée avec puissance par tous ces enfants, j’en ai eu la chair de poule. Pour le tour qui présente l’efficacité de la mort de Jésus sur la croix, je suis allé choisir deux gars, des grands. La directrice qui se trouvait à leurs côtés m’a dit : mais comment se fait-il que vous avez choisi ces deux garçons ? L’un venait de dire que vous étiez nul et l’autre est un grand costaud perturbateur ! Je ne savais pas, c’est l’Esprit de Dieu qui me les a montrés. Lorsqu’ils sont revenus à leur place, les deux étaient très étonnés de ce qu’ils avaient vu de leurs yeux et encore choqué par le message. Ils ont déclaré : « Il est génial ce clown ! »
Le moment de prière était surnaturel. Les enfants priaient avec conviction, Dieu était là, mes amis. Il était présent dans cette salle. Je le voyais agir ! J’étais abasourdi devant ce que Dieu était en train de faire. Le spectacle s’est terminé et les plus grands de 10 ans on accouru vers moi pour me prendre dans leurs bras ! Une fillette s’est approchée et j’ai eu à cœur de lui signer une carte avec son prénom. La directrice revient vers moi et me dit : pourquoi avez-vous choisi cette enfant ? Je luis ai que j’étais poussé à le faire. Elle m’apprend que cette enfant est encore sous le choc de la mort subite de son papa l’an dernier. Il a été écrasé par un camion sur le pont en face de l’école. Comme je suis reconnaissant de pouvoir être un simple instrument auprès de ces enfants, plus de 800 aujourd’hui ! Du jamais vu en Suisse !
En étant témoin de ces événements, Wissam et moi, nous avons eu une idée. : offrir le Dvd de ce spectacle à chacun des enfants pour qu’ils le regardent avec leur famille. L’impact serait incalculable dans la vie de tous ces gens ! L’idée serait de revenir en novembre 2012, d’organiser une nouvelle tournée et de faire ce cadeau à chaque spectateur ! Quand pensez-vous ? Si vous filmons et produisons ce Dvd au Liban, ce projet coûterait dans les 3'000 francs suisses. Bien entendu, si les fonds sont plus importants, nous pourrions en offrir à plus d’enfants ! Hum… J’attends vos réactions ! Dites-moi votre opinion !
Merci pour votre amitié, votre intérêt pour mon ministère et pour vos messages auxquelles je ne peux répondre personnellement. Mais, vous êtes avec moi ici et vous avez aussi par à la bénédiction ! Alléluia !

Liban, Beyrouth, le jeudi 24 novembre 2011


Levé tôt ce matin, vers 6h00, j’ai pu profiter du lever du soleil sur la ville. Des couleurs orange et rose ! Superbe ! À 8h00 du matin nous étions sur la route. Heureusement les embouteillages étaient de l’autre côté de l’autoroute, des milliers de voitures avançant au pas, tandis que nus roulions à vive allure direction le Nord !

C’était mon premier spectacle dans cette région. Nous sommes arrivés bien à l’avance au Lycée d’Amchit. 148 enfants sans compter les adultes ont assisté à mon spectacle. C’était impressionnant d’entendre tous ces enfants crier de toute leur force la parole de Dieu. Je présentai un autre spectacle qu’hier : « Je t’aime pour toujours, Je suis avec toi tous les jours ! »  Le moment le plus palpitant est toujours lorsque les enfants répètent la prière de demande de pardon. Une des institutrices très frappée par le message priait à haute voix les yeux fermés. C’était beau à voir et à entendre… Pour Wissam et pour moi, c’est un privilège de voir ici Dieu à l’œuvre !
Par contre au retour sur la capitale, nous nous sommes offert plus de 45 minutes de bouchons. J’ai passé par la fenêtre ma tête encore maquillée coiffée de mon chapeau melon. Les sourires ont vite apparu sur le visage fatigué des conducteurs. Donner un petit peu de bonheur, c’est pour ça que je suis là !
J’ai gardé Laurine cet après-midi puis je suis parti voir mon dentiste. Cette petite fille est adorable, elle apprend tellement de choses à grande vitesse. J’ai simplement passé ce temps à la regarder. Ce n’est que vers 17h30 que je me suis mis en route pour mon rendez-vous. Il faut aussi que vous vous rendiez compte que c’est nuit noir dès 17h00. J’ai essayé de trouver un « service » (taxi collectif) mais les embouteillages étaient intenses et tous les taxis remplis ! Après quelques minutes, une voiture me prend en « service ». Le chauffeur rentrait chez lui, j’étais son dernier client. Mais il accepte d’aller dans une autre direction… Quand il apprend que je suis pasteur, en arabe « abouna », il m’embrasse les mains et décide de m’amener le plus vite possible à destination. J’ai cru frôler la mort de près plusieurs fois… Arrivé à bon port 30 minutes plus tard, après avoir doublé en triple file, être monté sur le trottoir et grillé plusieurs feux rouges, mon chauffeur bénit Dieu et le ciel pour la bénédiction d’avoir transporté un « abouna » dans sa voiture. Lorsque je lui tends un billet de 5'000 l.l. pour le prix de ma course, il le prend en l’embrassant plein de reconnaissance. Quelle aventure ! Jamais je n’ai été accueilli avec autant de respect en tant que pasteur dans toute ma carrière. Comme dirait mon beau-fils : c’est le Liban !
Demain matin dès 7h30, ce n’est pas un spectacle, ce ne sont pas deux spectacles, mais bien trois spectacles à présenter dans la même école ! Merci pour vos prières ! Plusieurs centaines d’enfants attendent avec impatience le clown Auguste !

Liban, Beyrouth, le mercredi 23 novembre 2011


Me voici plongé tout entier dans mon ministère de clown. Aujourd’hui, nous sommes montés à Beit Chabab à l’école des Sœurs des Saints Cœurs. Nous étions à plus de 1000 mètres d’altitude. Le soleil brillait, la chaleur était moins intense qu’à Beyrouth, mais on se serait cru encore au début de l’automne. J’étais en bras de chemise.
L’accueil des sœurs a été chaleureux, elles m’attendaient avec impatience et se demandaient comment l’Evangile allait être présenté aujourd’hui par ce drôle de clown. Ce n’était pas une cinquantaine d’enfants qui m’attendaient, mais 260 spectateurs de 3 à 12 ans ! Je ne vous dis pas l’ambiance sur la scène et dans la salle. C’était Gé- ni-al !!! Ces enfants comprenaient bien le français, donc pas de barrière linguistique. Je présentais mon nouveau spectacle « Ce qui est vrai, dis-le, la Vérité te rend libre ». Le moment le plus impressionnant et le plus fort a été comme d’habitude lorsque les enfants prient en répétant mes paroles de demande de pardon adressé à Jésus ! Que se passe-t-il alors dans les cœurs de ces enfants ? C’est juste l’action secrète de l’Esprit Saint et puis entre nous, ça ne nous regarde pas. Moi, je ne suis que son instrument souriant et maladroit. Je regarde, j’écoute Dieu à l’œuvre…
Il y a quelque chose de magique lorsque vous voyez et entendez 260 enfants crier avec force la Parole de Dieu : Moi, je n’ai plus l’impression d’être sur terre ! Je sais aussi que les sœurs reprendront mon enseignement dans les jours qui viennent pour bien l’ancrer dans la mémoire de mes spectateurs en culottes courtes. Petit détail, ma prière commence et se termine par un signe de croix à la manière orientale. C’est ainsi que ma prière, au dire d’une sœur, est très catholique ! J’ai toute la confiance des sœurs et je peux proclamer sans détour le pardon que Jésus nous offre gratuitement. J’aime cet œcuménisme-là !
Wissam, mon beau-fils et moi, travaillons très bien ensemble sur scène. Nous montons la scène, puis il s’occupe de la sonorisation et de la musique. Pour que les gens apprennent à l’apprécier, il prend la première partie et faisant deux tours d’illusion en arabe avec les enfants et les enfants l’aiment. J’espère qu’il sera invité après mon passage. Moi, je reste quelques jours, lui il est au Liban !
Ce soir je suis fatigué, mais de cette bonne fatigue après un travail bien fait. Se savoir à sa place et utile entre les mains du maître, c’est bon. Demain matin, nous serons dans le nord du Liban. C’est la première fois que je vais dans cette région… Surprise, surprise ! Merci pour tous ceux et celles qui prient pour moi, pour Wissam et pour tous ces enfants.

Liban, Beyrouth, le dimanche 20 novembre 2011


Le soleil a réchauffé bien vite l’atmosphère. S’il fait plutôt frais et humide dans les maisons, la température de 20° est bien agréable dehors.

Hier j’ai fait du babysitting avec ma petite Laurine et tout s’est très bien passé : j’ai passé la plupart du temps assis par terre avec cette petite puce qui bouge sans cesse.
Elle est extrêmement curieuse, tout l’intéresse et elle circule à quatre pattes à toute vitesse dans toute la maison. Elle n’a peur de rien et aime partir à l’exploration. Je passe des moments précieux avec elle et je me souviens du temps passé avec mes enfants à cet âge.

Ce matin, nous sommes partis, Wissam et moi, « à l’aventure ». On ne s’est pas lavé, ni rasé pour passer inaperçu dans le quartier que nous allions explorer. On s’est habillé de manière très « pauvre ». Wissam m’a affublé d’un bonnet de laine rouge et noir, style travailleur syrien, et nous voilà parti au marché des pauvres. Celui que Wissam appelle « Bizarre Bazar ». C’est le fait le « marché du dimanche » où vend du tout à des prix imbattables. Je crois que tout ce qu’on peut trouver comme contrefaçon en bijoux, montres, parfums et habits se trouvent sur les étales. La clientèle est pauvre mais personne ne pouvait nous prendre pour des touristes au milieu de celle foule bigarrée. Les odeurs de crasse, de transpiration, de café turc, de parfums bon marché, de nourritures cuites dans une huile noire, tout nous donnait envie d’abréger notre visite. Suite aux pluies torrentielles, le sol était boueux, mais l’expérience en valait la peine.

Nous avons retrouvé David, un vieux bouquiniste Arménien. Quel plaisir de converser avec cet homme, clochard de son état mais un véritable puits de science, une source intarissable d’informations sur l’histoire de la communauté arménienne. De plus c’est un homme qui aime et connaît son Sauveur, Jésus !

En sortant de là, nous nous sommes dirigés vers le camp palestinien de Sabra et Chatila au sud de Beyrouth. L’entrée du camp se situe très près du centre de Tahaddi géré par Catherine Mourtada et son équipe. Wissam me dit alors « dès ce portique, nous ne sommes plus au Liban, mais en Palestine ». Les rues étroites d’un mètre cinquante de largeur se succèdent dans un entremêlement de fils d’électricité et de téléphone. Des tas d’ordures un peu partout autour desquels jouent des petits enfants sales et mal habillés. Je suis dans le camp de réfugiés palestiniens. Beaucoup de familles palestiniennes s’y sont réfugiés après la création de l'état d'Israël de 1948. Ils attendent toujours de pouvoir retourner sur leurs terres dans leurs maisons depuis plus de 60 ans ! C’est avec une certaine appréhension que je traverse ces ruelles. En 1982, le camp, encerclé par l’armée israélienne, a subi un massacre par les milices chrétiennes avec la bénédiction d’Ariel Sharon. Entre 1000 et 3000 femmes, enfants et vieillards ont été massacrés ! Je suis chrétien, je porte une certaine responsabilité même si ces « chrétiens » ne l’étaient que de nom.

Wissam retrouve un vieux palestinien de 86 ans qui nous accueil dans sa maison. Il lui demande pardon pour ce que les chrétiens ont fait dans ce camp… Le contact est difficile, il a peur de moi, il pense que je suis un espion juif du Mossad. Je lui montre mon passeport suisse, la photo de clown, mais il reste suspicieux. Il me fixe alors dans les yeux et me dit : « Même si tu es un juif, tu es le bienvenu dans ma maison et je veux bien t’accueillir ! » la conversation se poursuit avec beaucoup d’hésitation de sa part. Il me dit que des espions du Mossad sont déjà venus dans son quartier et qu’ils ont assassiné des responsables palestiniens du camp. Je dois avouer que j’éprouve un grand malaise. Comment le convaincre de ma bonne foi ? Je me sens rejeté alors que je n’ai rien fait de mal. Mais n’est-ce pas le sentiment qu’il a depuis 60 ans ! Il n’a rien fait pour mériter d’être chassé de chez lui et ne peut rien faire pour faire valoir ses droits !...

Il se lève et nous prépare le thé à la manière orientale. Il verse le sucre, puis le thé bouillant d’une vieille bouilloire. C’est le rituel du thé. Il était dans l’armée anglaise comme policier avant la création de l'état d'Israël. Il nous raconte combien la vie était agréable alors et que Juifs, chrétiens et musulmans s’entendaient bien. Il avait des amis autant juifs que chrétiens…
Après un moment nous lui disons au-revoir et Wissam propose que nous prions pour lui. Je prie en français, Wissam traduit en arabe : « Seigneur merci pour l’accueil de notre nouvel ami, béni-le ainsi que ses enfants, ses petits enfants et ses arrières petits enfants. Je prie qu’il découvre ta grâce et que tu permettes qu’un jour Juifs, musulmans et chrétiens vivent en pays sur la terre de Palestine … » Dès ce moment son regard s’adoucit, nous voulons partir, mais il nous retient et nous dit qu’il n’a pas encore fini de vous honorer. Il revient de sa cuisine avec des belles mandarines et nous mangeons ensemble, on parle de nos familles, de nos enfants, de nos petits enfants. Après un long moment, nous lui disons enfin au-revoir. Wissam le prend dans les bras et l’embrasse, je fais de même. Nous avons un nouvel ami. « Revenez quand vous voulez, vous serez toujours les bienvenus ! »

Je sors de sa maison avec à la fois une profonde joie et une grande tristesse. Joie d’avoir rencontré cet homme, tristesse de constater la méchanceté des hommes. Comment permettre à des centaines de milliers d’hommes, femmes et enfants de vivre dans des camps de misère dans la boue et la crasse sans aucun droit depuis plus de 60 ans ? Et tout ceci  avec la bénédiction du monde occidental ! Je reste perplexe et je dis à mon Seigneur : « Jusqu’à quand ? ».

Liban, Beyrouth, le vendredi 18 novembre 2011


Le soleil a envahi ma chambre dès 6h00 du matin, mais à 9h30 au moment de partir en ville la pluie a commencé à tomber. J’ai juste l’impression que toute la pluie qui devrait tomber sur la Suisse est en train de tomber sur le Liban. Les rues se transforment en ruisseaux et les ruisseaux en petites rivières, enfin, les rues sont superbement bien nettoyées ! J’ai attendu le bus à 80 centimes la course. Bon, le confort de ces véhicules laisse à désirer. Même si on l’offrait en Suisse, personne n’en voudrait. Ici, il va rouler jusqu’à ce qu’il se casse en deux ! J’ai dû marcher depuis la station de bus jusqu’à la clinique dentaire pour faire une radio panoramique. La jeune femme à la réception m’a tutoyé en français comme en arabe : « tu t’appelles comment ? Jean-Pierre… et ton papa s’appelle comment ? Pierre, Pierre ? oui comme en arabe, Boutros ! Alors, elle a décidé que mon nom Frauche était trop compliqué et elle a inscrit Jean-Pierre Boutros sur mon dossier… J’en ai ri !  Je suis ressorti de là ma radiographie dans mon sac pour aller retrouver Raffi, mon dentiste préféré. Il pleuvait tellement que j’ai dû m’acheter un parapluie à 5 francs. J’ai même croisé sur mon chemin un ermite, 35 ans, énorme barbe cheveux longs vêtu d’une simple tunique de toile de bure marchant à pieds nus, impressionnant !
Pour le retour, j’ai attendu et pris le bus N°6, mais après 10 minutes, le véhicule s’est arrêté, tous les passagers sont descendus mais moi, je suis resté à ma place. Après un moment le chauffeur m’a fait comprendre que je devais sortir du bus et en prendre un autre. Je monte dans l’autre et là, il n’y avait pas de chauffeur.

J’attends 10 minutes et en désespoir de cause, je m’en vais à pied sous la pluie. J’ai marché 1 heure 20 sous la pluie au bord des routes sans trottoirs… Mes pieds et jambes ont été plus d’une fois douchés au passage des voitures qui se font un malin plaisir de foncer dans les flaques pour mouiller les quelques pauvres piétons. 

Enfin, c’est le Liban, il faut prendre tout ça avec le sourire et philosophie ! La pluie tombe et je garde le sourire, je suis au Liban ! Vous vous rendez compte : au LIBAN ! Wouah ! En rentrant à la maison, j’ai acheté un poulet rôti à la sauce à l’ail, bonjour l’haleine, mais qu’est-ce qu’il était bon !!! Wissam, Lucie et moi, nous nous sommes régalés ! 



D’autre part, je me régale en mangeant des kakis, des pommes cannelles (aschtah) et des avocats mûrs et sucrés, c’est la pleine saison maintenant. Je fais le plein de vitamines C.
Je prends du bon temps avec ma petite Laurine qui est tellement agréable et mignonne : 72 cm et 8 kg de bonheur sur quatre pattes. Les spectacles dans les écoles ne vont commencer que mercredi prochain au rythme de 2 par jour. J’ai déjà 9 prestations de prévue ; plusieurs centaines de spectateurs en culotte courte ! Alors, je suis un peu en vacances et j’ai tout mon temps pour écrire et répondre à mes e-mails en retard. Je pense bien à ma femme et à mes enfants en Suisse et en Amérique. Ils me manquent déjà.

Liban, Beyrouth, le 17 novembre 2011

Quitter la Suisse mercredi matin ne s’est pas fait sans difficulté. La veille au soir, nous étions Debbie et moi à Nyon pour y présenter un spectacle. Nous sommes rentrés vers 23 heures et je devais être à l’aéroport pour 10h00. J’avais bien préparé mes bagages à l’avance, mais je ne voulais rien oublier et bien sûr au dernier moment, une de mes valises ne se fermait plus… J’ai dû vite retrouver un bagage plus grand pour y fourrer tous mes trésors.
Arrivé à temps à Cointrin, la compagnie MEA a accepté comme promis par téléphone mes 53 kilos de marchandises sans surtaxe, un cadeau du Seigneur. Le voyage s’est déroulé sans problème. Mon voisin, un jeune homme libanais de mon âge était inquiet tout le long du vol. Il se signait, un chapelet à la main, priait et embrassait régulièrement la croix sur son chapelet. J’ai essayé d’entamer une conversation avec lui, mais il en était incapable… Il est sorti de l’avion soulagé de remettre les deux pieds sur terre !
Lorsque je suis arrivé avec tous mes bagages dans le hall d’accueil de l’aéroport, il y avait foule, je suis arrivé en même temps que le vol de retour de la Mecque. Tous les pèlerins vêtus de blancs étaient attendus par leur famille. Premier sorti, j’ai mis mon nez rouge de clown pour que Wissam, mon beau-fils, puisse me repérer. Les gens se sont mis à rire et à crier « le clown, le clown » ! Et oui, j’ai de la peine à passer inaperçu ! Wissam se cachait dans la foule, feignant d’ignorer ma présence, « non, non, je ne le connais pas celui-là »… Enfin, je l’ai retrouvé et nous avons bien ri. Ensuite, je suis allé voir la secrétaire du directeur de la MEA pour qu’on m’accorde un surplus de bagages pour le voyage de retour. La secrétaire m’a tout de suite reconnu « et comment vont votre fille et votre petite fille ? » J’étais à la maison !!!
Après plus d’une heure dans les embouteillages, nous sommes arrivés chez Lucie et Wissam. Laurine, ma petite fille, était toute surprise de me revoir. Mais très vite elle a commencé à tirer ma barbe de grand-père. Après avoir joué au Père Noël en déballant mes valises, nous avons été dans un restaurant libanais, ça m’a changé de la nourriture suisse.
Il n’y a rien à faire, malgré tous les moyens techniques à notre disposition, rien ne vaut le contact en vrai. Les retrouvailles étaient plus que plaisantes. Nous avons tant de choses à nous dire.
Ma première nuit a été bien agréable, ayant mal dormi la veille, j’ai pu rattraper mon sommeil perdu. La grisaille est au menu du jour, les pluies que je qualifierai de diluviennes sont tombées toute la matinée et maintenant le soleil vient illuminer la ville détrempée. Je profite pour bien m’installer et passer du temps en tête à tête avec mon Seigneur.  Ce soir, je vais voir mon cher dentiste… je vous raconterai.
Je suis déjà allé tout seul faire mes courses à la petite épicerie du coin, musique arabe et senteurs orientales m’ont accueillis, je suis ici chez moi. Je me réjouis de vivre ces deux semaines auprès de mes enfants et des centaines d’enfants qui attendent le clown Auguste dès la semaine prochaine. Merci pour vos prières et votre amitié !